Suivi environnemental de réalisation (SER)
L’Office de l’environnement jurassien suit le projet quotidiennement. De plus, il a imposé la mise en place d’un suivi environnemental de réalisation (SER) durant toute la durée du chantier d’aménagement du site ainsi que durant les opérations de forage et de stimulation hydraulique. Mené par un bureau spécialisé, il regroupe des spécialistes dans les domaines suivants :
- Protection de l’air,
- Gestion et protection des eaux,
- Protection de la nature,
- Gestion des déchets et des sites pollués,
- Protection des sols,
- Protection contre le bruit,
- Pollution lumineuse,
- Etc.
L’ensemble des travaux est suivi en continu par le responsable du SER, en collaboration étroite avec l’Office de l’environnement (ENV). Il est l’interlocuteur de tous les acteurs engagés et est responsable du contrôle de la mise en œuvre de l’ensemble des mesures prévues dans les domaines de l’environnement. A ce titre, il est habilité à faire stopper immédiatement tous travaux susceptibles de porter des atteintes inacceptables à l’environnement.
Les obligations du SER sont régies par les documents suivants :
- Autorisation n°969/2014 de l’Office de l’environnement
- Plan spécial cantonal « Projet-pilote de géothermie profonde » - Prescriptions
- Rapport d’impact sur l’environnement pour la construction et l’exploitation d’une centrale géothermique pilote – Site Haute-Sorne (RIE)
Afin de contrôler la validité des mesures de réduction des nuisances sonores et de vérifier le respect des valeurs limites fixées, deux stations de mesure en continu ont été mises en place avant le début du forage, l’une sur le site même, l’autre à proximité de la ferme des Croisées, soit l’habitation la plus exposée au bruit du chantier. De plus, plusieurs campagnes de mesure ont été réalisées par un spécialiste sur le site même du forage ainsi que dans les environs immédiats et au niveau des habitations voisines les plus proches. Les éléments ci-dessous sont extraits des deux rapports de mesure préparés par le bureau CSD, responsable du Suivi environnemental de réalisation, complétés par de nombreuses observations et mesures au niveau du site et du voisinage.
Une première campagne de mesures a été réalisée dans la nuit du 23 mai, soit deux jours après le début des opérations de forage. Une deuxième campagne a eu lieu dans la nuit du 24 au 25 juin, deux jours après la reprise du forage dans la troisième section. Les mesures sont toujours effectuées de nuit, pour deux raisons principales :
- le dérangement causé par le bruit du forage est plus important la nuit, les valeurs limites légales sont beaucoup plus sévères la nuit ;
- les mesures nocturnes sont moins perturbées par les bruits ambiants et plus représentatives du bruit réel du forage.
Les mesures ont été effectuées en plusieurs points sur le site du forage, afin de contrôler que les émissions correspondent bien aux données utilisées lors des calculs et modélisations effectuées avant le début des travaux. Quatre points de mesure ont été retenus à une distance d’environ 500m du site afin de contrôler le respect des valeurs limites pour toutes les habitations voisines (la ferme des Croisées, à moins de 200m, est équipée d’une station de mesure en continu).
Les résultats des deux campagnes de mesure indiquent que les valeurs d’émission mesurées sur la place de forage sont proches et cohérentes avec les résultats du modèle théorique établi en 2014 et actualisé en 2022. Les résultats de la deuxième campagne sont inférieures de 3 à 5 dB(A) à ceux de la première campagne. Cette observation confirme les explications données par l’exploitant qui indiquait que les premiers temps d’un forage de grande profondeur sont en général les plus bruyants et que les émissions sonores tendent à diminuer avec la progression en profondeur. Ceci s’explique notamment par l’augmentation progressive du poids du train de forage, ce qui permet de réduire au cours du temps la force verticale nécessaire et limite les phénomènes de vibration du système.
L’interprétation des résultats montre que les valeurs limites sont clairement respectées au niveau des habitations des villages environnants, durant toute la durée du forage. Pour la troisième section actuellement en cours, la marge est encore plus importante.
Comme cela était attendu, la situation la plus critique se situe au niveau de la ferme des Croisées. Pour ce point, la valeur limite était juste respectée dans la première phase du forage. Elle est actuellement nettement respectée avec une marge de plus de 5 dB(A). La paroi antibruit contribue à réduire efficacement le bruit au niveau de la ferme et de l’habitation. Bien que les valeurs limites soient clairement respectées au niveau de la ferme des Croisées, l’exposition au bruit du chantier de forage est nettement perceptible, particulièrement la nuit.
Par souci d’apaisement et en tenant compte de la situation particulière de la famille habitant aux Croisées, GeoEnergie a signé une convention afin de financer à bien plaire le relogement de la famille dans un lieu non exposé au bruit pour la période du forage.
Les observations et les mesures ont également mis en évidence que, même lorsque le bruit est faible et nettement inférieur aux valeurs limite, des basses fréquences sont parfois nettement perceptibles sur le site et au niveaux des points d’immission. Ces basses fréquences sont provoquées par l’activité des tamis vibrant permettant de séparer les déblais de forage (cuttings) de la boue de forage. Des améliorations techniques ont été rapidement apportées sur les tamis dès la fin du mois de mai. Malgré ces assainissement, les mesures montrent qu’il subsiste des émissions dans les fréquences basses, un spécialiste a été mandaté par GeoEnergie afin d’étudier si d’autres mesures techniques peuvent permettre de diminuer ce phénomène.
L’existence de bruits solidiens a également été contrôlée dans plusieurs bâtiments proches et éloignés du site de forage. Le bruit solidien peut être causé par des vibrations transmises dans le sol et qui provoque une émission de bruit aérien par la mise en vibration des sols et parois des bâtiments. Les mesures ont démontré que le forage ne provoquait pas de bruit solidien dans les locaux sensibles au bruit (ni à la ferme des Croisées, ni dans les maisons de Berlincourt).
-- Etat au 5 juillet 2024
Un spécialiste formé en acoustique a été intégré au suivi environnemental de réalisation. Il contrôle les mesures de limitation des nuisances sonores. Il effectue ainsi des mesures régulières ponctuelles du bruit du chantier, notamment en période nocturne et au niveau des habitations voisines. Un monitoring en direct, via une plateforme en ligne, permet de suivre les émissions sonores sur site et au premier lieu sensible (habitation). Pour limiter les nuisances au niveau de la ferme des Croisées, habitation la plus exposée, une paroi antibruit de 65 m de longueur et 10 m de hauteur a été mise en place.
La foreuse choisie doit répondre à l’état avancé de la technique en matière de protection contre le bruit. Les activités nocturnes bruyantes sont limitées au maximum et seules les activités absolument indispensables pour le déroulement du forage sont réalisées entre 19h et 7h. Les prescriptions du plan spécial cantonal exigent le respect, de nuit comme de jour, des valeurs limites d’immissions (selon annexe 6 de l’Ordonnance sur la protection contre le bruit - OPB) durant toute la durée du chantier et des valeurs de planification durant la phase d’exploitation.
Effectivement, le projet se situe en partie sur un site pollué, lequel a fait l’objet de diverses études. Ces études ont permis de délimiter la pollution, qui couvre une surface très importante, bien au-delà du site du projet, de l’ordre de 18 terrains de football. Fort heureusement, la pollution est figée et ne contamine plus les eaux comme c’était probablement le cas jusque dans les années 1980. Une surveillance de la qualité des eaux en aval du site a été effectuée durant presque 10 ans. Elle a permis de reclasser en 2022 le site pollué comme « ne nécessitant ni surveillance, ni assainissement ». Les travaux de construction de la place de forage ont pu démontrer que la zone de forage se situe en dehors de la zone polluée.
La pollution ne s’étend pas jusqu’à la zone de forage, comme l’a démontré l’excavation lors de la construction des caves de forage.
Assainir le site présenterait en réalité un bilan négatif, même du point de vue écologique. En effet, les résultats ne bénéficieraient que peu à l’environnement alors que les travaux seraient à l’origine de grandes quantités d’émissions de gaz à effet de serre pour l’excavation et l’élimination des matériaux pollués, sans compter les effets d’une probable fermeture temporaire de la ligne CFF.
Le canton du Jura compte un peu plus de 1'300 sites pollués (anciennes décharges, anciens sites industriels, lieux d’accident et installations de tir). Une vingtaine d’entre eux, dont les impacts sur les eaux ou les sols ne sont pas acceptables, doivent encore être assainis.
Non, ce risque peut clairement être exclu. Les terrains pollués se situent entre 2 et 4 m de profondeur. Il est dès lors aisé d’assainir localement les terrains dans le secteur des forages et de construire des étanchéités pour exclure toute infiltration des polluants plus en profondeur.
Les mesures routinières de protection et de surveillance mises en œuvre lors de forages profonds réalisés en Suisse comme en Europe visent à empêcher que les boues de forages puissent entrer en contact avec les sols. La cave de forage ainsi que la place de forage seront conçues afin que ces boues ne puissent pas se déverser dans l’environnement naturel. Des volumes de stockage suffisants et étanches seront également présents.
Les boues de forage, principalement composées d’eau, d’argile et de sels sont préparées avec des additifs non dangereux pour l’environnement et la santé (une question a été posée à la CSI à ce sujet. Voici la réponse). Les déblais rocheux (« cuttings ») remontés par ces boues correspondent aux fragments de roches traversées (roches sédimentaires et du socle). Ces roches sont excavées et traitées de manière routinière sur les chantiers (e.g., chantiers de tunnel) suisses comme européens. L’immense majorité de ces déblais respectent les normes de toxicité et de radioactivité et ne dégagent pas d'odeurs désagréables. Un suivi de la qualité des boues de forage est assuré tout au long du forage. Les boues sont éliminées et traitées dans les cantons de Berne et de Soleure.