Eau et aquifères
L’utilisation des eaux publiques est subordonnée à une concession. Pour un débit concédé inférieur à 60 l/min, seule une autorisation de l’Office de l’environnement est requise, conformément à la loi cantonale sur la gestion des eaux (LGEaux). En revanche, l’octroi d’une concession est indispensable lorsque le débit excède 60 l/min (cf. art. 42, al. 1 et 2 LGEaux). Afin de préserver les cours d’eau, la loi fédérale sur la protection des eaux (LEaux) impose un débit résiduel minimal, sous lequel aucun prélèvement n’est autorisé, calculé en fonction du débit Q347 (débit dépassé en moyenne 347 jours par an). Ce débit Q347 doit être établi sur la base de mesures de longue durée.
Pour le Tabeillon, il s’agit de déterminer ce débit caractéristique en-dessous duquel aucun prélèvement ne sera autorisé. Aucune donnée historique n’étant disponible pour ce cours d’eau, une année complète hydrologique d’observations devra être effectuée pour extrapoler les valeurs de débit à partir d’une station du même type de bassin versant. Une station de mesure a ainsi été installée le 4 avril 2024 en amont du site de Glovelier. Elle permettra de monitorer une année hydrologique, puis d’extrapoler ces données en les comparant avec celles de stations disposant de données historiques (station RCJU de la Sorne à Bassecourt et station OFEV de la Sorne à Delémont). Il sera ainsi possible de comparer une même année hydrologique dans les mêmes conditions de pluviométrie. Cette comparaison permettra de projeter le débit historique du Tabeillon en appliquant un ratio de surface de bassin versant et à en déduire la valeur du Q347.
D’après Geo-Energie Jura SA, les besoins en eau, principalement liés à la fabrication des boues de forage, seront de l’ordre de 4000 à 6000 m3 durant toute la durée de la phase d’exploration. A titre de comparaison, la consommation d’eau annuelle sur l’ensemble de la commune de Haute-Sorne est de l’ordre de 750'000 m3.
De nombreuses mesures de protection sont mises en place pendant le forage comme à la suite de celui-ci afin d’éviter de telles connections. L’utilisation d’une boue de forage, la pose d’un tubage en acier et la cimentation de l’espace annulaire visent à empêcher de telles connections. Ces mesures de protection sont bien connues et ont été mises en place à satisfaction dans de nombreux forages profonds dans le canton du Jura et ailleurs. En Haute-Sorne, la bienfacture des systèmes de protection est contrôlée à chaque étape du forage.
D’après Geo-Energie Jura SA, chaque étape de stimulation, au nombre de 30, nécessitera environ 500m3 (comme à Forge en Utah) à 5000 m3 d’eau. Comme environ 1/3 de l’eau utilisée à chaque étape devrait pouvoir être réutilisée pour l’étape suivante, une estimation (haute) des besoins en eau s’élève à 100 000 m3.
Une station de mesures de débit en continu sur le Tabeillon, en amont du site de Glovelier a été installée le 4 avril 2024 afin de mesurer précisément les débits clés de ce cours d’eau. Un débit de prélèvement pourra alors être calculé. Sur cette base, il pourra être évalué si un prélèvement dans le Tabeillon est envisageable pour la réalisation du projet de géothermie avec une année hydrologique de données récoltées.
Non, l’eau sera injectée à environ 4 à 5 kilomètres de profondeur, dans des roches du socle. L’eau injectée sera maintenue sous pression à l’intérieur du réservoir artificiel créé par stimulation et circulera dans le doublet géothermique. Les eaux souterraines propres à la consommation ou à l’utilisation agricole comme les couches d’argiles ou de sels (évaporites) qui pourraient gonfler en contact avec de l’eau se trouvent dans des roches sédimentaires qui se situent à plus de 2-3 kilomètres en dessus de ce réservoir artificiel. Entre le réservoir et ces niveaux, il y a notamment plus de 2 kilomètres de roches très denses, très peu perméables et soumises à de fortes pressions. De l’eau juvénile est sûrement encore présente dans ces roches et ce n’est pas un hasard, elle n’a aucun moyen de s’en échapper.
La loi fédérale sur la protection des eaux (LEaux) et la loi cantonale sur la gestion des eaux (LGEaux) définissent le cadre pour l'utilisation de l'eau d’un cours d'eau en Suisse. Lors de prélèvements dans des cours d’eau à débit permanent, une certaine quantité d'eau, « le débit résiduel » doit être maintenu, afin de préserver un écosystème fonctionnel. Il existe ainsi un seuil inférieur en deçà duquel une interdiction de prélèvement serait appliquée. Celui-ci est fixé à 50 l/s.
Ainsi, si un droit de concession était délivré à l’exploitant pour un approvisionnement en eau dans une rivière présentant un débit résiduel inférieur ou égal à 50 l/s, il ne lui serait possible de prélever de l’eau que lorsque cette valeur seuil serait dépassée. Le débit résiduel du Tabeillon reste à définir, tout comme la valeur seuil qui serait établie dans le cadre de la demande d’autorisation. Elle ne sera pas inférieure à 50 l/s.
Suite aux opérations de cimentation permettant d’injecter du ciment entre le tubage en acier et les parois du trou de forage, des analyses (diagraphies) sont réalisées depuis l’intérieur du tubage pour vérifier la qualité de la cimentation. Il est donc possible de vérifier la qualité isolante du ciment sur la totalité du forage. Les résultats obtenus sont ensuite analysés en considérant les connaissances géologiques et hydrogéologiques locales. Si des connections devaient être révélées ou soupçonnées, il est possible de remédier à la situation (opérations correctrices).
Nous avons consommé à ce jour environ 3700 m3 d’eau, principalement pour les travaux de forage. L’eau du réseau a été privilégiée pour des raisons de qualité pour la fabrication de la boue et du ciment.
L’eau de ruissellement a été systématiquement récupérée dans le bassin supérieur. Un niveau suffisant a été conservé pour des raisons de sécurité (eau d’extinction pour les pompiers en cas d’incendie). Une partie a été utilisée comme eau d’usage (nettoyage par exemple) et une partie s’est forcément évaporée. Le solde est conservé pour usages futurs. Un seul déversement à l’égout a eu lieu, lors de la pollution au purin, sous supervision de l'Office de l'environnement. Il n’y a eu aucun rejet d’eau dans le milieu naturel.