Le projet : généralités
Geo-Energie Suisse SA est une société fondée le 2 novembre 2010 à l’initiative de plusieurs fournisseurs d’énergie suisses qui souhaitent promouvoir la géothermie pour la production d’électricité et de chaleur en Suisse. Le siège de l’entreprise se situe à Zurich.
Geo-Energie Jura SA , fondée en 2015, a son siège en Haute-Sorne. La société a pour objectif de réaliser puis d’exploiter le projet pilote de Haute-Sorne. La création d’une société domiciliée dans le canton du Jura a été demandée par le Gouvernement du Jura et la commune de Haute-Sorne en 2015. Son capital-actions est ouvert aux investisseurs locaux.
Geo-Energie Jura SA ambitionne de produire de l’électricité à partir de la chaleur terrestre pour couvrir les besoins d’environ 6000 ménages. Elle a aussi un objectif plus large, qui est de déployer sa technologie et ainsi contribuer à plus grande échelle à la transition énergétique.
L’éolien, comme le solaire, dépend des conditions météorologiques. En l’occurrence, le fonctionnement d’une éolienne dépend de la force du vent qui est fortement variable. La production d’énergie éolienne est ainsi intermittente et difficilement prédictible. A titre d’exemple, si les trois turbines du parc éolien de Peuchapatte tournaient à pleine puissance durant l’année, une production annuelle d’environ 60 GWh serait attendue. Or, la production annuelle moyenne du parc éolien du Peuchapatte est de 13.5 GWh . Geo-Energie Jura SA estime que la centrale géothermique de Haute-Sorne pourrait produire annuellement 20 à 40 GWh, soit l’équivalent de la production annuelle de 5 à 9 éoliennes comme celles visibles sur le site de Peuchapatte. L’avantage de la géothermie sur l’éolien est double : l’énergie produite est prédictible et constante et les infrastructures en surface ont un impact moins grand sur les paysages et l’occupation des sols. Il est même triple vu qu’en géothermie, la chaleur résiduelle peut être utilisée afin de subvenir aux besoins des foyers, de l’industrie et/ou de l’agriculture.
Les premiers projets de géothermie visant la création - ou l’amélioration – d’un réservoir profond par stimulation hydraulique dans des roches dites sèches mais naturellement fracturées (les roches du socle telles que le granite ou le gneiss, voir la notion de HDR) ont débuté dans les années 1970. Depuis, plusieurs projets de ce type ont vu le jour. Le projet de Soultz-sous-forêt, en France voisine (Alsace) a été le premier à démontrer la validité et la faisabilité de la technique. D’autres projets tel que celui de Bâle ont été abandonnés en raison d’un niveau de sismicité non acceptable. La particularité du projet de géothermie de Haute-Sorne réside dans son concept (réalisation à l'écart des grandes zones de failles et fractures géologiques) et dans la technologie novatrice qui sera utilisée. Cette technologie (ou système de stimulation multi-étapes) a été élaborée afin d’optimiser l’efficience du réservoir et la rentabilité de la centrale géothermique tout en abaissant le risque sismique posé par le procédé de stimulation hydraulique.
Le développement du projet est conforme à la volonté du Parlement jurassien, exprimée sans opposition à travers la fiche 5.07.1 du plan directeur cantonal. Il respecte également la législation en vigueur, comme en attestent les arrêts du Tribunal cantonal (2016) et du Tribunal fédéral (2018). Les collectivités publiques, la population, les entreprises et les organisations non gouvernementales ont pu faire valoir leurs intérêts en 2014, au cours de la procédure de plan spécial cantonal. Une initiative visant à interdire l’exploration et l’exploitation de la géothermie moyenne/grande profondeur sur tout le territoire du canton du Jura a été déposée le 21 avril 2017, munie de 4134 signatures valables. Suivant la proposition du Gouvernement, le Parlement a constaté la validité matérielle de l’initiative lors de sa séance du 22 novembre 2017. Sur requête de deux citoyens jurassiens, la Cour constitutionnelle a examiné la conformité de l’initiative au droit fédéral. Par arrêt du 27 juin, elle a conclu que l’initiative était incompatible avec le droit fédéral et a annulé la décision du Parlement. Aucun recours au Tribunal fédéral n’a été formé contre cette décision de la Cour constitutionnelle.
Aucune énergie renouvelable ne permettra à elle seule d’assurer la transition énergétique. Il est nécessaire de compter sur la complémentarité des différentes technologies existantes. C'est la raison pour laquelle la Confédération soutient de nombreuses sources d'énergie, telles que le photovoltaïque, l’éolien et la biomasse. La géothermie présente l'avantage d'être indépendante des conditions météorologiques et de permettre une production de chaleur et d’électricité en continu (énergie dite en ruban), tout au long de l’année, de jour comme de nuit. La géothermie pourrait ainsi contribuer durablement à une meilleure autonomie énergétique de la Suisse, laquelle dispose d’un important potentiel géothermique, actuellement sous-exploité.
La géothermie est une énergie à la fois renouvelable et durable. C’est une source énergétique inépuisable à l’échelle humaine. Elle se renouvelle de manière naturelle et continue. Son utilisation raisonnable ne compromet pas la capacité des générations futures à satisfaire leurs propres besoins. C’est également une énergie respectueuse du climat et de la vie.
Dans le cadre du projet de Haute-Sorne, à la fin du cycle de vie de la centrale géothermique, le réservoir souterrain devrait se trouver refroidi par l’eau qui y a circulé, en particulier à proximité du ou des points d’injection hydraulique qui seront situés le long des forages. Ce refroidissement sera local et temporaire. Le phénomène naturel de conduction thermique au sein de la croûte terrestre et la chaleur créée naturellement par la roche permettront petit à petit de retrouver des conditions de température uniformes. Le temps nécessaire à ce lent retour à la normale pourra être modélisé lorsque la température du réservoir, sa taille et sa durée d’exploitation seront notamment connus.
Il est d’ores et déjà possible de préciser que ce projet, à lui seul, ne compromettra pas la capacité des générations jurassiennes futures à satisfaire leurs propres besoins énergétiques à partir de la chaleur du sous-sol. L’extraction de la chaleur, localisée, restera faible comparée à l’enthalpie de la croûte terrestre et d’autres projets du même type pourraient même se développer à proximité du site sans que cela n’impacte sa capacité de régénération.
Tous les individus sont égaux en droits, et ont le même droit de protection. Les critères d’acceptation des risques appliqués par le Canton suivent les mêmes principes que pour d’autres dangers, technologiques ou naturels. Il n’y a ainsi pas de différence d’acceptation pour un projet situé à proximité d’une maison isolée ou pour un projet situé près d’une grande ville. Il y a cependant une différence pour l’opérateur : le coût d’une assurance étant notoirement plus élevé dans une zone densément peuplée. La densité de population n’est toutefois qu’un critère parmi d’autres, avant tout d’ordre géologique et géographique, ayant conduit à retenir le site de Glovelier.
Le projet d’installation d’une centrale géothermique en Haute-Sorne est prévu en trois phases distinctes.
La première phase, autorisée et en cours (prévue jusqu’en 2025 environ), dite phase d’exploration, vise à acquérir des données inédites du sous-sol afin de préciser les conditions géologiques. Cette phase comprend des mesures géophysiques, un forage exploratoire vertical de 4 km et des tests de stimulation hydraulique en profondeur.
La deuxième phase (dès 2026 selon le calendrier de l’opérateur, à ce stade non autorisée), dite phase de réalisation ou de stimulation, vise à créer un réservoir géothermique en profondeur par stimulation hydraulique. La première étape de cette phase consistera à forer un deuxième forage qui sera dévié pour former une section horizontale d’environ 1.5 kilomètres de long à une profondeur proche de 5 kilomètres. Plusieurs stimulations hydrauliques seront réalisées le long de cette section horizontale dans le but d’ouvrir des voies de circulation et ainsi créer un réservoir profond. Une deuxième étape consistera à dévier le forage percé lors de la phase exploratoire pour qu’il vienne traverser le sommet du réservoir nouvellement créé. Des tests de circulation d’eau entre les deux forages seront alors réalisés. En cas de circulation insuffisante, Geo-Energie Jura SA pourrait procéder à une seconde étape de stimulation hydraulique, au niveau de la partie supérieure du réservoir (forage exploratoire dévié).
La troisième phase (prévue en 2028-2029 selon le calendrier de l’opérateur, à ce stade non autorisée), dite phase d’exploitation, vise à construire et exploiter une centrale géothermique de type ORC (Organic Rankine Cycle). Le fluide géothermique (eau injectée + eau géothermale naturellement présente dans la roche) servirait alors uniquement de source de chaleur et circulerait en circuit fermé. Un fluide intermédiaire, de travail, dit caloporteur, actionnerait lui les machines motrices (turbines à vapeur) pour produire de l’électricité.
Un suivi pointu de la sismicité est et sera en place sur l’ensemble des phases du projet. Ce réseau comprend le réseau de surveillance sismique régionalement renforcé et indépendant du Service sismologique suisse (SED) et celui, local, de l’exploitant.
Le projet de Geo-Energie Jura SA est actuellement dans sa phase exploratoire. Il n’entrera dans sa deuxième phase, de création d’un réservoir, que si les données obtenues démontrent que les conditions du sous-sol y sont propices et que le projet peut être mené de manière sécuritaire. Selon la Convention de 2022 (art. 14.1.5) signée entre l’exploitant et le Canton, en cas d’abandon prématuré du projet, des alternatives (valorisation de la chaleur, centrale à biomasse) devront être proposées par l’exploitant.
Geo-Energie Jura SA est propriétaire de ces données. Ceci dit, le projet de géothermie de Haute-Sorne étant subventionné par l’OFEN, les données brutes obtenues dans le cadre du projet seront, après une période d’embargo de généralement 6 mois, transmises, notamment, à Swisstopo. Les autorités cantonales auront également accès à ces données et pourront après cette échéance les rendre publiques. Les données acquises pourront alors être utilisées par le monde académique comme par des entreprises privées ou encore des collectivités.
Le calendrier fourni dans l’annexe B de la convention du 17 juin 2022, comme celui fourni sur le site Internet de la CSI, est un programme de travail prévisionnel. Ces deux calendriers sont fournis à titre indicatif. Le calendrier téléchargeable sur le site de la CSI sera mis à jour régulièrement. Il reflètera donc mieux l’état d’avancement du projet. Vous trouverez des informations détaillées sur le calendrier du projet, qui seront progressivement mises à jour, sur le site Internet du porteur de projet ainsi que sur la page d’accueil du site Internet de la CSI.